ETHIO GROOVE
AKALÉ WUBÉ INVITE GIRMA BÈYÈNÈ
Après une date à guichet fermé le 25 Septembre dernier, le quintet parisien Akalé Wubé réinvite Girma Bèyènè, figure emblématique de la musique éthiopienne des 60ies et 70ies.
"Quand il s’extirpe de derrière le piano pour venir vous saluer, le sourire et la poignée de main en
disent long sur son plaisir d’être là, dans le studio de ses nouveaux amis, au fond d’un passage du quartier de Strasbourg-Saint-Denis à Paris.
Plaisir partagé. Les propriétaires, les musiciens composant le quintet Akalé Wubé, sont aux anges. De la même génération que Mahmoud Ahmed, Mulatu Astatke et Alèmayèhu Eshèté, le chanteur, pianiste et arrangeur septuagénaire Girma Bèyènè est une star oubliée de la musique éthiopienne. Le recevoir chez eux a valeur d’honneur pour ses hôtes à l’inspiration musicale fertilisée par le swing du groove urbain éthiopien des années 1960 et 1970, dont Bèyènè fut un des prolixes créateurs.
Depuis son arrivée à Paris, en vue des répétitions pour un concert commun au Studio de l’Ermitage,
ils sont épatés par son talent et son humilité.
De la capitale, il avait seulement une vague idée, dans laquelle s’entremêlaient la tour Eiffel et Charles Aznavour. La connexion s’est faite par Francis Falceto, créateur de la collection discographique « Ethiopiques » (Buda Musique/Socadisc), 29 volumes parus à ce jour, grâce à laquelle nombre de musiciens occidentaux se sont pris de passion pour le son éthiopien. Depuis des années, Bèyènè lui demandait de lui trouver un orchestre, comme il l’a fait pour le saxophoniste Getatchew Mekurya avec les Néerlandais The Ex ou Mahmoud Ahmed avec les Bretons Badume’s Band. Quand il a parlé de ce rêve du musicien éthiopien à Akalé Wubé, les gars ont été immédiatement enthousiasmés.
« Vingt-cinq ans d’exil »
Longtemps oublié et silencieux, Girma Bèyènè a été redécouvert en 2008 en Ethiopie, à la faveur de l’Ethiopian Music Festival que coorganisait Francis Falceto avec un ami, Heruy Arefaine.
« Nous avons choisi d’honorer Bèyènè cette année-là et l’avons fait venir des Etats-Unis. C’est à ce moment que les musiciens éthiopiens d’aujourd’hui ont réalisé que bien des morceaux qu’ils jouaient étaient des compositions de Bèyènè. De fait, vingt-cinq ans d’exil avaient conduit à l’oubli. »
Il n’a enregistré que quatre titres sous son nom en tant que vocaliste (disponibles sur Ethiopiques 8), mais « son activisme en tant que compositeur, arrangeur, pianiste etmusicien de session dépasse largement l’impact de Mulatu Astatké », précise Falceto. Peut-être une nouvelle vie commence-t-elle pour Girma Bèyènè. Retourné en Ethiopie après son exil aux Etats-Unis, où il a terminé sa vie de travailleur comme pompiste dans une station-service, le musicien dit se sentir renaître dans cette aventure parisienne."
Patrick Labesse, Le Monde
David GEORGELET : Drums
Oliver DEGABRIELE : Bass
Loïc Réchard : Guitar
Étienne DE LA SAYETTE : Flûtes, Sax
Paul BOUCLIER : Krar, trumpet, percussions
Photo : Cyril FUSSIEN